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Historique

2 lieux de découverte de sites d’occupation préhistorique sont connus à Chauveau-Godinne : le Grand Abri et les sépultures néolithiques.

Plus d’un siècle et demi de fouilles au Grand Abri de Chauveau

Dès 1842, des fouilles furent entreprises sur le site de Chauveau par un éminent paléontologue, le Docteur A. Spring, professeur à l’Université de Liège. Les habitants de Godinne connaissaient déjà la présence d’ossements à cet endroit et l’avaient surnommé le saloit (le saloir).

Le Docteur Spring met à jour, dans un abri sous roche appelé désormais Grand Abri de Chauveau, des ossements mélangés d’animaux et d’humains, dont les os creux, tous brisés, l’incitent à penser qu’il vient de découvrir le lieu d’un festin anthropophag e. Il ne fera part de ses découve rtes qu’en 1853, dans le Bulletin de l’Académie de Belgique

(1), attestant même qu’il s’agissait vraisemblablement d’un cannibalisme bien installé dans les mœurs (les ossements humains étaient beaucoup plus nombreux et appartenaient tous à des femmes ou des enfants), et non un épisode accidentel.

Ces révélations provoquèrent apparemment un certain émoi dans le monde scientifique. Les chantiers de fouilles se succèdent, et en 1871, en comparant les découvertes de Chauveau avec celles de la vallée de la Lesse, Edouard Dupont, directeur du Musée royal d’Histoire naturelle, émet l’hypothèse plus "politiquement correcte " que l’on se trouve non pas en présence d’un lieu de repas d’une peuplade cannibale, mais un lieu de sépulture(2).

L’année suivante, en 1872, Gustave Soreil, intrigué, se fait charger par la Société archéologique de Namur d’opérer de nouvelles fouilles sur le site. L es résultats confortent la théorie de Monsieur Dupont. Deux squelettes accroupis,  pratiquement intacts lors de leur mise au jour, sont découverts dans une excavation pratiquée dans la roche intentionnellement. Il s’agit donc bien d’un lieu de sépulture(3). D’autres fouilles viendront progressivement étayer cette hypothèse et feront reconnaître le site du Grand Abri de Chauveau comme une des plus grandes sépultures collectives du Néolithique découvertes en Wallonie.

Fin des années ‘70, Paul du Ry, archéologue amateur(4), découvre de nouveaux vestiges.

Ce qui déclenche une nouvelle campagn e de fouilles, menées cette fois par la Région wallonne.

Entre 1985 et 1992, de nouvelles fouilles, dirigéespar les archéologues Angélika Becker et Michel Toussaint, at testent l’occupation du site dès le Paléolithique supérieur et au Mésolithique. Les recherches entreprises à Chauveau permetten ainsi de retracer la vie de l’Homo sapiens sapiens au cours de la Préhistoire et fournissent des renseignements précieux sur la façon dont nos ancêtres, d’abord chasseurs-cueilleurs, puis agriculteurs-éleveurs ont su s’adapter aux bouleversements environnementaux consécutifs aux changements climatiques.

 Les sépultures néolithiques

Le Grand Abri n’est pas le seul endroit du massif rocheux de Chauveau à nous livrer des traces préhistoriques importantes.

En 1976, deux petites grottes (prosaïquement dénommées Ch1 et Ch 2) y sont découvertes par trois spéléologues, Joseph Boden, son fils, Gaëtan Boden et Thierr y Fastrès.Le matériel exhumé de ces grottes est aussi exposé au Musée archéologique de Godinne. Les très nombreux ossements humains ( plus de 30 individus ) et le riche matériel archéologique lithique et céramique ont été interprétés dans un premier temps comme relevant d’une sépulture collective d’un Néolithique de type " Seine-Oise- Marne(5) ". Cependant, depuis 2005, ce matériel archéologique est réexaminé par le paléoanthropologue Michel Toussaint qui en propose une nouvelle datation et une nouvelle interprétation à la lumière de l’évolution récente des conceptions relatives au Néolithique des 3eme et 4ème millénaires avant notre ère dans la région " Seine- Oise-Marne(6) ". Ses conclusions : trois phases culturelles pourraient bien être attestées à

Chauveau Ch1 : unesépulture individuelle du Néolithique moyen, une possible sépulture plurielle du Néolithique récent, avec flèches tranchantes, et une sépulture plurielle du Néolithique final, associée à des pointes à pédoncule et ailerons naissant.

(1) Bulletins de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique,t. XX, pp. 427-449. Cette communication est résumée par EugèneDel Marmol, Sur des ossements humains découverts dans une caverne de la Province de Namur, in Annales de la Société archéologique de Namur,t. III, pp. 510-512.
(2)Édouard Dupont, L’homme pendant les âges de la pierre dans les environs de Dinant, in Annales de la Société archéologique de Namur, t.XI, 1871, pp.129-232 (plus précisément pp. 211-217).
(3)Pour les détails de ces découvertes: Gustave Soreil, Caverne de Chauvaux, in ASAN,t.. XIII, pp. 303-323.
(4)Monsieur  du Ry fut le fondateur de l’AMAG (Amis du Musée archéologique de Godinne) et son premier président)
(5)Cf. Bulletinde la Société royale belge d’Anthropologie préhistorique, t. 94, pp. 5-49, 1983.
(6)Pour plus de détails, cf. Bulletin des Chercheurs de la Wallonie, t. XL IV, 2005, pp. 231-244.

Texte extrait de l’article signé Françoise Noël paru dans le "Journal des musées en province de Namur " n°4